Bain de soleil pour la tarente de Maurétanie
En vacances sur la presqu’île de Giens, nous avons observé sur le sentier côtier cette tarente de Maurétanie. Son nom fait référence au lieu de sa découverte, la Maurétanie, vaste royaume, aujourd’hui disparu, au nord de l’Afrique (à ne pas confondre avec la Mauritanie, actuel pays du Nord-Ouest de ce continent).
Un lézard particulier
Ce « lézard », d’une quinzaine de centimètres, a la peau recouverte de petites protubérances qui lui confèrent un aspect trapu et rugueux. Chacun de ses doigts semble être aplati à son extrémité. Pas de doute, nous avons affaire à un gecko, prononcé « Jéko », une famille de reptiles qui défie les lois de la pesanteur.
En effet, les geckos sont capables de se déplacer à la verticale sur des parois lisses comme du verre, et de se promener au plafond, comme si de rien n’était.
Leur secret ? Chacun de leurs orteils, de surface conséquente, est équipé d’une kirielle de lamelles adhésives.
Sa couleur, du beige clair au marron foncé, peut varier en fonction du moment de la journée et lui permet de réguler sa température corporelle. Ici, il était en plein bain de soleil avec une coloration très sombre pour emmagasiner un maximum de chaleur, nous sommes début novembre, rappelons-le.
Une proximité avec l’homme
Ce Gecko arboricole et nocturne s’est aussi parfaitement adapté à l’homme et à ses mauvaises habitudes. En effet, il se rencontre fréquemment sur les murs de nos habitations, en particulier à proximité des éclairages publiques… comme privés. Nombre d’insectes déboussolés par ce qu’ils prennent pour la lune, tournent autour jusqu’à épuisement et finissent par se poser pour tenter de reprendre leurs esprits. La tarente empêche bon nombre d’entre eux de tomber dans la folie en les dévorant sans vergogne.
dérèglement climatique et réseaux urbains
On trouve la tarente de Maurétanie sur toutes les côtes méditerranéennes, parfois relativement loin à l’intérieur des terres, en Provence, Corse, Occitanie. Avec le dérèglement climatique, et la densification du réseau urbain, ce gecko semble avoir investi la capitale des Alpes. En août 2018, lors de soirées de prospection, ce n’est pas moins de 37 individus qui ont été comptabilisés, dont 2 juvéniles, laissant à penser que le climat Grenoblois, surtout l’été, est favorable au développement de cette espèce. L’hiver, elle hiberne en attendant les beaux jours.
comportements
Les mâles sont très territoriaux. Ils ne se tolèrent pas, et peuvent se battre en cas d’intrusion sur leur territoire ou encore pour avoir les faveurs d’une femelle. Ce gecko se reproduit au printemps, au retour des beaux jours. Chaque ponte compte seulement deux œufs déposés sur le sol, parfois enterrés ou cachés à l’abri des regards indiscrets (feuille, branche…). Il peut y avoir jusqu’à quatre pontes par an, espacées de quelques semaines.