Blancs comme neige
Changement de couleurs lié aux saisons
Les changements de saisons s’accompagnent dans la nature de vrais changements de couleurs à faire pâlir les palettes des peintres. Des couleurs chaudes de l’automne au blanc immaculé de l’hiver en passant par le vert tendre du printemps. Eh bien, il n’y a pas que le paysage qui change de couleurs, certains animaux accompagnent également cette métamorphose. Ce phénomène est appelé homochromie saisonnière.
Il existe une vingtaine d’espèces de mammifères et une seule d’oiseau, capables d’une telle prouesse. 3 espèces sont présentes chez nous : le lagopède alpin, le lièvre variable, et l’hermine.
Changement de couleurs lié au milieu
Il existe d’autres homochromies non liées à la saison, mais uniquement à l’environnement proche de l’animal. Certains modifient leur couleur en quelques secondes comme la seiche, d’autres en quelques heures comme certains criquets. Il faudra plusieurs jours à une araignée crabe pour épouser la couleur de la fleur sur laquelle elle attend patiemment son repas. Enfin, certaines espèces changent de couleur à une échelle de temps beaucoup plus longue, modifiant ainsi les caractéristiques de l’espèce de manière durable, c’est l’évolution des espèces : citons le cas très étudié de la phalène du boulot.
Pourquoi changer de couleurs en hiver?
Ces changements de couleurs répondent à 2 besoins. Le premier est de se faire discret face à ses prédateurs suivant l’adage : « pour vivre heureux, vivons caché ». Le fait d’avoir une coloration proche de celle de son milieu permet cette dissimulation.
Le second consiste à passer inaperçu le plus longtemps possible face à sa proie, pour s’approcher suffisamment prêt d’elle, pour laisser peu de chance à cette pauvre malheureuse de s’apercevoir de la supercherie à temps.
Chez le lagopède alpin, le plumage hivernal persiste beaucoup plus longtemps chez le mâle que chez la femelle. Sa couleur blanche, en absence de neige, en fait une proie facile pour les rapaces, tandis que la femelle plus discrète couve tranquillement. Certains chercheurs pensent qu’il s’agit d’un stratagème de dame nature pour que la prédation par les rapaces soit plus orientée sur les mâles bien plus visibles. Ces derniers ne participant pas à l’élevage des jeunes, nourrissage, protection, ni à une quelconque défense du territoire familiale, c’est une façon comme une autre d’être utile à l’espèce…une dernière fois.
Le sacrifice des mâles, du déjà vu…
Nous avions déjà observé le sacrifice des mâles chez les abeilles solitaires. De manière similaire, le seul rôle du mâle dans la perpétuation de l’espèce est la procréation. Ainsi, lorsque les femelles pondent, en enfilade, dans des tiges creuses, ce sont les mâles qui terminent les chapelets au bord de la cavité, à proximité des becs d’oiseaux, des parasites et des intempéries. Même si bon nombre d’entre eux périssent, il y en aura suffisamment au printemps suivant pour féconder les femelles…
Mais comment ça marche?
Revenons aux poils blancs de l’hermine. La coloration du poil vient d’un pigment, la mélanine, synthétisée par une enzyme, elle-même « activée » par une hormone UV dépendante. Quand la durée du jour diminue à l’automne, l’hormone qui active normalement la production de mélanine diminue fortement.
C’est également à cette période que bon nombre de mammifères vont prendre le pelage d’hiver, plus dense pour protéger des conditions plus rudes qui s’annoncent. Les propriétaires de chiens et chats savent de quoi il en retourne, nos animaux de tous poils ne dérogent pas à la règle.
Ainsi, lorsque l’hermine remplace son pelage d’été par celui d’hiver, la mélanine n’est pas synthétisée, le poil ne sera donc pas coloré et restera blanc.
De manière similaire, la production de mélanine chez l’homme diminue avec l’âge, donnant dans un premier temps une teinte poivre et sel à notre « pelage sommital » avant de passer au blanc hermine… Les cheveux blancs n’ont donc pas de soucis à se faire…