Les oiseaux, des poules mouillées ?
L’automne et son cortège de journées pluvieuses laisse parfois à croire qu’il s’agit d’une saison difficile pour les oiseaux. Il n’en est rien. A cette saison, la nature regorge de nourriture. Toutes les plantes, ou presque, sont « en fruits » ou « en graines », les insectes sont encore bien présents, mais les températures plus fraiches qui les engourdissent en font des proies faciles.
Les jardins redeviennent à cette saison des havres de paix : plus d’odeurs de grillades, plus d’enfants qui braillent… A chaque pluie, les matous rentrent au chaud, laissant le champ libre aux oiseaux au moment où sortent vers de terre, limaces et escargots, friandises pour bon nombre d’entre eux.
Les conditions hivernales, non plus, ne sont pas un problème pour les oiseaux grâce à leur plumage. Les plumes et le duvet sont d’excellents isolants pour lutter contre le froid et ce ne sont pas les propriétaires de doudounes et édredons qui me contrarieront. Enfin, l’entretien de ce plumage par l’oiseau permet de lutter efficacement contre l’humidité et la pluie.
Toilettage mécanique
En effet, le toilettage quotidien et minutieux de nos amis à plumes permet au plumage d’être imperméable. D’abord, la superposition des plumes dans un ordre bien précis permet de créer une barrière physique empêchant l’oiseau d’être mouillé jusqu’aux os. Cela a bien plus d’importance qu’on ne pourrait l’imaginer, à l’instar des tuiles sur un toit. Si ces dernières recouvrent le toit, mais sont balancées au hasard, le système est peu efficace. Rangées dans un ordre bien précis, cela change tout… il en est de même pour le plumage de l’oiseau.
Le lissage du plumage
A cette protection mécanique, s’ajoute une protection chimique. A la base de la queue côté dos, les oiseaux possèdent une glande dite « uropygienne », ou plus simplement « glande de lissage ». Celle-ci sécrète un mélange complexe de corps gras et de cires, substances hydrophobes, donc imperméabilisantes que les oiseaux vont récupérer sur le bec et la tête avant de se le répartir sur le corps expliquant leurs contorsions lors de la toilette.
Tous les oiseaux en sont équipés à l’état embryonnaire, mais certains groupes la perdent à l’état adulte, en particulier chez les oiseaux qui ne volent pas comme les émeus, autruche et consorts. Cela corrobore des études qui tendent à prouver que ces substances jouent également un rôle sur la souplesse des plumes, la protection contre l’usure, les frottements… propriétés indispensables pour un plumage soumis à rude épreuve lors du vol, et sur lequel l’oiseau doit pouvoir compter.
Le cas du cormoran
Le CORMORAN, dépourvu de glande de lissage, se voit dans l’obligation de sécher son plumage entre chaque partie de pêche, les ailes écartées, comme fixées à une corde à linge. Etape obligatoire, sans quoi, le plumage s’alourdissant plongée après plongée, le cormoran prendrait le risque de se noyer. Mais à chaque nouvelle partie de pêche, c’est un atout. Le cormoran peut plonger profondément et rapidement pendant plusieurs minutes, aussitôt lesté par un plumage gorgé d’eau sans être gêné par la poussée d’Archimède. Archimède ? C’est lui qui vous empêche d’atteindre le fond de la piscine pour récupérer votre bracelet qui a coulé, là, à quelques mètres de profondeur, vous prenant pour un bouchon sur une ligne de pêche.
Le cas du martin pécheur
Le MARTIN PECHEUR, lui, est équipé de cette glande. Plongeant à grande vitesse, dans de faibles profondeurs et sur un laps de temps court, il n’a pas besoin de lester son corps comme le cormoran. Par contre, son plumage ainsi mis à rude épreuve se doit d’être toiletter très régulièrement. Les jeunes, parfois réfractaires à la toilette, l’apprennent à leur dépens. La moitié d’entre eux meurent noyés, plumes trempées, ils coulent en plongeant de façon trop rapprochée.